Auparavant, quand on me parlait de challenge commercial, j’avais tendance à devenir grincheux. Il faut dire que j’ai travaillé pour certaines entreprises qui étaient plus habiles à manipuler le bâton que de la carotte. Dans ces boîtes, la DRH nous demandait de nous surpasser mais on donnait très peu en échange. On se retrouvait donc à tout donner durant un mois pour gagner au final quelques bonbecs. La firme pour laquelle je travaille désormais a cependant un peu plus de lucidité. Lorsqu’elle organise un challenge commercial, la dotation est à la hauteur de l’effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec joie que je reçois les nouveaux challenges, et je me donne à 200 %. L’année dernière, j’ai ainsi remporté un iPhone, un scooter, des places VIP pour des matchs de foot… Si je me réjouissais déjà de ces primes en nature, il y a deux mois, j’ai néanmoins décroché le gros lot : un voyage de quatre jours aux Bahamas ! Au début, je dois admettre que je n’étais pas très motivé à cette idée. J’aurais de loin préféré faire un voyage avec ma compagne. Parce qu’il s’agissait d’un voyage entre collègues, évidemment. Je n’étais pas transporté par le principe. Voyager avec des collègues, ce n’est pas franchement du travail, mais ce n’est pas non plus des vacances. On ne se conduit pas de la même façon en entreprise et chez soi. Il faut jouer un rôle, celui du mec qui se relâche parce que c’est ce qu’il est supposé faire… tout en prenant tout de même attention à se faire bien voir, vu que les autres n’oublieront pas. Enfin, ça, c’est ce que je pensais. Parce qu’une fois sur place, j’ai surtout pris conscience qu’une virée entre collègues, ça permet également d’être naturel. Quoique d’un naturel très différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu un paquet de neurones lors de ce voyage, mais ça fait quand même du bien. Je craignais un peu que les activités qu’on nous réserve sur place aient la saveur d’un sandwich SNCF. Vous savez, le genre d’ activité où l »on a recréé artificiellement pour vous pour faire plus exotique. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment lors voyages, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, une fois encore, su s’en sortir avec les honneurs : c’est une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a concocté un séjour vraiment authentique. Si ce dernier était au final assez riche, ça a été un vrai plaisir : ce n’était pas un séjour touristique (le colon venu observer les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout d’être atterré par les activités qu’on nous réserverait sur place. Vous savez, comme ces chasses au trésor où l’on a un peu l’impression de revenir en centre aéré. La direction a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a fait plaisir à les employés grâce à ce voyage, mais a également permis aux employés de resserrer leurs liens. C’est depuis mon retour que je me dis que je suis finalement arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais de société comme de chemise. Alors qu’aujourd’hui, je me surprends à ne même plus regarder dans le pré du voisin. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de défaire ses valises.